En 9 actes.
Démarrer du bon pied
9 heures du matin : le café fume encore sur la table du salon, les idées fourmillent éparses sans qu’il n’y en ait une pour rattraper l’autre.
Je relève mon Chromebook, d’un geste altier. Je suis prête à entamer le premier jet. C’est bon, le sujet est dans la poche, les transitions toutes trouvées. Les mots se bousculent.
Et ce n’est pas ce premier épisode de la saison une de Taxi Drivers qui me happera, de notifications lasse. Les scénarii les plus audacieux, les prouesses techniques, n’y feront rien.
– “Non, je ne céderai pas.” (Bis)
Fluctuat nec mergitur.
I’m focused on my work baby.
Rester focus
Il est 9h30. Après l’heure, c’est plus l’heure. À bas les envolées lyriques, les rimes et les calembours. Un jet est un jet et il ne faut jamais sous-coter l’arc en ciel de son arborescence.
Dans une manœuvre dilatoire de l’extrême, je saisis mon smartphone d’une main ferme mais décidée. Prête à croiser le fer avec tous ces distracteurs de l’ombre :
“Anne-So, enfin ! Ce jean délavé ne va pas du tout avec ce bustier fuchsia. Mais meuf, qui s’habille encore comme ça en 2024 ? On est millénial ou on ne l’est pas ! Ce job, tu veux le décrocher ou pas – d’aucun diraient avec les dents – ? “
Il ne suffit pas de traverser la rue, il faut le faire avec maestria.
Miser sur les prouesses technologiques
Pas mal ce MacBook pro avec puce M2- à seulement 1399 euros- “sic”. Toutes ces utilisations infinies d’éditeurs d’images dans leur version non craquée, poussées à leur paroxysme ! Ô rage ! Ô désespoir ! Ô salaire ennemi ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Mon HP fera très bien l’affaire. Pour l’ivresse des mots, on repassera.
Tentons déjà de soigner ces maux. Ceux qui détournent notre attention alors qu’on veut travailler sérieusement. Les maux d’un autre siècle, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre, Montmartre en ce temps-là, accrochait ses lilas, jusque sous nos fenêtres, et si l’humble garni, qui nous servait de nid, ne payait pas de mine, c’est là qu’on s’est connus, moi qui criais famine, et toi qui posais nue.
Changer son fusil d’épaule
Poser nue ? Je suis à ça.
Et puis Aznavour, lui aussi a galéré à ses débuts. Oui, oui. Et ce piano, au fond du salon, entre la télé et le sapin, trônant là avec insolence, me regardant du coin de l’œil. Depuis le temps que je devais m’y mettre !
Bah quoi ? Je m’y mets. Oui, Oui. Et Beethoven tu crois qu’il n’a pas grave morflé au départ ? Rome ne fut pas faite toute en un jour. Les chemins de mon cœur mènent au rhum.
Faire une pause apéritive
Les arômes de la canne, déjà chatouillent mes papilles. Sé rhum Madkaud *an ka brè.
Mes pupilles se dilatent.
Je suis remontée telle l’horloge du Kremlin -cette comparaison est-elle bien à propos à date ? – mais comparaison n’est pas raison.
Faire une pause musicale
Ce piano Yamaha au fond du salon, entre le sapin et la télé me toise depuis 2 ans, comme mon cadavre à la mer.
Néanmoins, je ne pourrai pas interpréter la 5 -ème symphonie de Beethoven les cheveux hirsutes, l’haleine d’hyène et la peau grasse.
L’habit ne fait pas le moine, mais c’est à l’habit qu’on reconnait le moine.
Ni une, ni deux la salle de bain est mon terrain de jeu. C’est mon territoire. J’y prends plaisir. Libre® est ma fragrance.
Faire une pause gustative
Il est midi.
La faim embrase mon corps et mon âme. La vie d’artiste, ça réveille les entrailles. Et d’artiste incomprise à artiste affamée, il n’y a qu’un pas, que je ne saurais franchir.
Non mais oh.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Et la gloire de mon père dans tout ça ? Marcel Pagnol outragé ! Marcel Pagnol tyrannisé !… Ce n’était pas Paris ?
Je m’égare. Indubitablement. Je m’égare.
Faire une pause littéraire
Il est 14h.
L’un dans l’autre, l’autre dans l’un, avançons la main dans la patte, vers cet avenir sûr et incertain. À la fois beau et laid. Victor Hugo prend toi ça dans la tronche.
La culture c’est comme la confiture… Et je pars en déconfiture. L’absurde est à son apogée.
Il est 16h.
De digressions en anachronismes, tout ceci n’est qu’un théâtre de boulevard.
Je n’ai pas bougé d’un iota.
Et déjà là le jour décline.
Prendre du recul
Quand les poules auront des dents, je vais m’y mettre c’est sûr. Vaincre la saturation, le stress.
La peur d’échouer, de mal faire.
Me prendre les pieds dans le tapis, ignorer par où commencer.
Alors j’y vais, un pas devant l’autre.
Je ne perds pas le nord, car je viens du sud… et par tous les chemins, j’y reviendrai. Fichtre ! Un pain au chocolat Une Chocolatine, vite, à la boulangerie !
Il est 17h.
Je fais une halte chez l’oncle Sam, écouter ses jérémiades. Longe les bords de Garonne, de Seine, du Malecón, du Gange. Oui, je peux être partout à la fois -Oui, Oui- et je repars emplie d’une énergie nouvelle.
On me dit à l’oreillette que nous avons explosé les 1000 mots.
J’ai bien glandé aujourd’hui.
Drop the 🎤.
Eh tu vas où ? Minute papillon.
© Nathalie CAMIUL, rédactrice web à Toulouse et créatrice de site web, à votre disposition pour booster tous vos contenus écrits digitaux et bien plus encore. Cliquez sur l’enveloppe en bas de page pour toute prise de contact.
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